Page:Rolland Handel.djvu/128

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autre, ses impressions personnelles, ses notations poétiques et humoristiques de la nature[1], ne suffit pas à rétablir ses affaires, une fois de plus embarrassées. Une fois de plus, comme au temps de Deborah et d’Arianna, il se heurta à une coalition des gens du monde. On ne sait en quoi il les avait blessés[2]. Mais ils étaient résolus à le détruire. On faisait le vide à ses concerts. On payait des gens pour déchirer ses affiches dans les rues. Hændel, écœuré et lassé, renonça brusquement à continuer le combat[3]. Il décida de quitter l’Angleterre, où il vivait depuis près de trente ans, et qu’il avait enrichie de sa gloire. Il annonça pour le 8 avril 1741 son dernier concert[4].

  1. Surtout dans l’Allegro et dans quelques Concerti grossi.
  2. La lettre d’un anonyme, publiée dans le London Daily Post du 4 avril 1741, fait allusion à un fait précis, « un seul faux pas accompli, mais non prémédité ».
  3. Au milieu de sa misère, il pensait aux plus misérables que lui. En avril 1738, il avait fondé, avec les autres musiciens anglais de renom, Arne, Greene, Pepusch, Carey, etc., la Society of Musicians, pour venir au secours des musiciens pauvres et âgés. Si gêné qu’il fût lui-même, il fut plus généreux que tous les autres. Le 20 mars 1739, il dirigea au bénéfice de la Société la Fête d’Alexandre, avec un nouveau concerto d’orgue. Le 28 mars 1740, il dirigea Acis et Galatée et la petite Ode à sainte Cécile. Le 14 mars 1741, dans ses plus mauvais jours, il donna le Parnasso in festa, spectacle de gala, très onéreux pour lui, avec cinq concerti soli des plus célèbres instrumentistes. Il devait léguer plus tard 1 000 livres à la Société.
  4. Un maladroit ami essaya d’apitoyer la charité publique,