plus pour la fortune de Hændel que tout le reste de ses travaux. Après trente-cinq ans de luttes acharnées, il avait enfin conquis, pour toujours, la victoire. Il était devenu, par la force des choses, le musicien national de l’Angleterre.
Délivré des soucis matériels qui avaient empoisonné sa vie[1], Hændel reprit avec plus de tranquillité le cours de ses créations ; et les
- ↑ Depuis 1747, Hændel, renonçant au système des souscriptions, tourne le dos à sa clientèle aristocratique, qui l’avait traité si indignement, et il ouvre son théâtre à tous. Cela lui réussit. La bourgeoisie de Londres répondit à son appel. Depuis 1748, Hændel fit salle comble à presque tous ses concerts.
populaire, et où l’on trouve plus de grands ensembles, et de soli intimement unis aux chœurs.
Gluck était de passage à Londres, depuis la fin de 1745. Il avait alors trente et un ans. Il fit jouer à Londres deux opéras : La Caduta de’ Giganti et Artamene. (On en trouvera quelques airs dans la collection rarissime des Delizie dell’opere, ii vol., Londres, Walsh, que possède la Bibliothèque du Conservatoire de Paris.) — Ce séjour de Gluck en Angleterre n’eut aucune importance pour l’histoire de Hændel, qui se montra assez méprisant à l’égard de sa musique. Mais il n’en fut pas de même pour Gluck, qui professa, toute sa vie, le plus profond respect pour Hændel. Il le regardait comme son maître ; il s’imaginait même qu’il l’imitait. (Voir Michael Kelly : Reminiscences, I, 255.) Et, de fait, on sera frappé des analogies entre telles pages des oratorios de Hændel, exécutés en 1744-1746, (notamment Héraklès et Judas Macchabée), et les grands opéras de Gluck. On trouve dans les deux scènes funèbres du premier et du second actes de Judas Macchabée les accents pathétiques et les harmonies d’Orphée.