Page:Rolland Handel.djvu/149

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

homérique, dont Gœthe eut la soudaine révélation des son arrivée à Naples[1], — ce grand œil ouvert sur l'univers, et où l'univers se peint, comme un visage qui se reflète en une eau calme et claire. Il dut beaucoup de cet objectivisme à l'Italie, où il passa plusieurs années, et dont le charme ne s’effaça jamais de sa pensée. Et il le dut aussi à la virile Angleterre, qui garde sur ses émotions une maîtrise hautaine et méprise les effusions sentimentales et bavardes où se complaisent souvent la dévotion et l’art allemands. Mais il en avait tous les germes en lui : car on les sent poindre déjà dans ses premières œuvres, à Hambourg.

Dès son enfance, à Halle, Zachow lui avait enseigné, non pas un style, mais tous les styles des différents peuples, — l’exerçant non seulement à comprendre l'esprit de chaque grand compositeur, mais à se l’assimiler, en écrivant dans sa manière. Cette éducation, essentiellement cosmopolite, fut complétée par ses trois voyages en Italie, et son séjour d’un demi-siècle en Angleterre ; partout, il ne cessait, suivant les leçons reçues à Halle, de s’approprier le meilleur des artistes et de leurs œuvres. S’il n’alla point en France — (ce qui n’est pas prouvé), — il ne la connaissait pas moins ; il

  1. Voir le Voyage en Italie, 18 mai 1787, lettre à Herder.