était curieux de s’en approprier la langue et le style musical : nous en avons des preuves dans ses manuscrits[1], comme dans les accusations même portées contre lui par certains critiques français[2]. Partout où il passait, il se faisait un trésor de souvenirs musicaux, achetant, amassant des œuvres étrangères, les copiant, ou plutôt (car il n’avait point la patience appliquée de J.-S. Bach, qui transcrivait scrupuleusement de sa main des partitions entières d’organistes français ou de violonistes italiens), relevant, en esquisses hâtives et souvent inexactes, les expressions, les idées qui le frappaient, au cours de ses lectures. Cette vaste collection de pensées européennes, dont il ne nous reste plus que quelques débris, au Fitzwilliam Museum de Cambridge, était le réservoir où s’alimentait son génie créateur. Profondément Allemand de race et de caractère, il était devenu en art un Weltbürger comme son compatriote Leibniz qu’il connut à Hanovre, un Européen, avec prédominance de la culture latine. Les grands Allemands de la fin du siècle, les Gœthe et les Herder, ne furent pas plus libres et plus univer-
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