Page:Rolland Handel.djvu/153

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il écrivait comme on parle, il composait comme on respire. Il ne jetait point d’esquisses sur le papier, pour préparer son œuvre définitive. Il écrivait d’un jet comme s’il improvisait. Et en vérité, il semble avoir été le plus grand improvisateur qui fût jamais. Improvisateur sur l’orgue, aux offices de l’après-midi à Saint-Paul, ou quand il jouait des Capricci, pendant les entr’actes de ses oratorios, à Covent-Garden, — improvisateur sur le clavier, à l’orchestre de l’Opéra de Hambourg et de Londres, « quand il accompagnait les chanteurs d’une façon merveilleuse, en s’adaptant à leur tempérament et à leur virtuosité, sans avoir de notes écrites », il stupéfiait les connaisseurs de son temps ; et Mattheson, peu suspect d’indulgence, proclamait qu’ « il n’eut jamais son égal en cela ». On a pu dire avec vérité « qu’il improvisait, à chaque minute de sa vie ». Il écrivait sa musique avec une telle impétuosité de passion et une telle plénitude d’idées qu’il était constamment devancé par sa pensée, et, pour la suivre, devait la noter d’une façon abrégée[1].

  1. L’étude du manuscrit de Jephte (publié en fac-simile par Chrysander), permet de saisir sur le vif le travail de composition de Hændel. Sur les mêmes pages, on lit des indications diverses, de la main de Hændel. À la fin du premier acte, par exemple, il marque : « geendiget (fini), le 2 février ». Puis, sur la même page, on lit : « Völlig (complet), le 13 août 1751 ». Il y avait donc deux travaux différents : un