Page:Rolland Handel.djvu/170

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caprice d’une virtuosité vide, mais le fruit d’une virtuosité réfléchie, et soumise au style général du morceau ; ils servaient à accentuer plus profondément l’expression des lignes mélodiques principales[1].

Maintenant, y a-t-il avantage à restaurer ces ornements ? Notre goût a changé, depuis lors ; et une piété trop étroite risque de nuire aux grandes œuvres du passé, en s’attachant servilement à tels détails de leur costume qui sont devenus désuets et surannés. Vaut-il mieux imposer au public d’aujourd’hui les œuvres d’autrefois avec toutes leurs rides, accentuées par la lumière des siècles, — ou les adapter sobrement à la façon de sentir actuelle, afin qu’elles continuent d’exercer sur nous leur action bienfaisante ? Les deux thèses ont été soutenues[2]. Pour moi, je crois que la première s’impose pour les publications de textes, la seconde pour les exécutions musicales. L’esprit doit chercher à connaître exactement quel a été le passé. Mais quand cela est fait, la vie peut et doit revendi-

    chance de nous conserver la physionomie des exécutions musicales au temps de Hændel.

  1. Ceci est surtout vrai pour les oratorios. Pour les opéras, l’ornementation était beaucoup plus touffue et plus indifférente à l’expression.
  2. La première, par M. Seiffert ; la seconde, par M. Goldschmidt.