Page:Rolland Handel.djvu/208

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de Jupiter dans Semele. En certains cas, il demande aux timbres instrumentaux des effets, non seulement d’expression dramatique, mais d’exotisme et de couleur locale. Ainsi, dans les deux scènes des deux Cléopâtres, de Giulio Cesare (1724) et de Alexander Balus (1748)[1].

Mais quelque grand peintre que soit Hændel, ce n’est pas tant par l’éclat, la variété et la nouveauté du coloris, que par la beauté du dessin et les effets d’ombres et de lumières. Avec une palette volontairement restreinte, et en se satisfaisant de la grisaille des cordes, il arrive à produire des effets saisissants et nuancés. M. Volbach a montré[2] qu’il a moins recours à des instruments divers qu’à la division d’une même famille d’instruments en plusieurs groupes. Dans le morceau d’introduction de la seconde Esther (1732), les violons sont divisés en cinq groupes[3] ; dans la Resurrezione (1708), en

  1. Pour la scène de l’apparition de Cléopâtre sur le Parnasse, au début de l’acte II de Giulio Cesare, Hændel a deux orchestres, l’un sur la scène : hautbois, 2 violons, viole, harpe, viola da gamba, théorbe, bassons, violoncelles ; l’autre dans la salle. — Le premier air de la Cléopâtre d’Alexander Balus est accompagné par 2 flûtes, 2 violons, viole, 2 violoncelles, harpe, mandoline, contrebasses, bassons et orgue.
  2. Fritz Volbach : Die Praxis der Hændel-Aufführung, 1899.
  3. Plus deux parties de flûtes, deux de hautbois, deux de bassons, violes, violoncelles et contrebasse, cembalo théorbe et harpe, orgue : en tout, quinze parties d’orchestre, pour accompagner la seule voix d’Esther.