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le premier théâtre d’opéra allemand, — non d’opéra princier, ouvert aux seuls invités du prince, mais d’opéra public, populaire et payant. L’exemple de l’Italie avait dû provoquer cette fondation, à l’instar de Venise.

Mais l’esprit des deux théâtres était bien différent. Tandis que Venise se complaisait à des mélodrames fantastiques, bizarrement inspirés de la mythologie ou de l’histoire antique, Hambourg gardait, malgré la grossièreté de son goût et sa licence de mœurs, un vieux fond religieux. L’opéra hambourgeois avait été inauguré, en 1678, par une Création du Monde de Joh. Theile, élève de Schütz ; et de 1678 à 1692, on y joua un grand nombre de drames religieux, les uns d’un caractère allégorique, les autres inspirés de la Bible ; en certains des sujets, on voit poindre déjà les oratorios de Hændel[1]. Si faibles que fussent ces pièces musicales, elles étaient sur le chemin d’un théâtre propre à l’Allemagne. Il semble que ç’ait été l’idée d’un des poètes, le pasteur Elmenhorst, qui voulait donner à l’opéra religieux la valeur d’une forme d’art classique[2]. Malheureusement, l’esprit public était en décadence ; son ressort religieux s’était fort détendu, sauf dans

  1. La Naissance du Christ, Michal et David, Esther.
  2. Dramatologia antiqua-hodierna, 1688.