cipaux maîtres allemands, avec Keiser, Hændel et J.-S. Bach, par sa riche expérience pratique, son sens critique aiguisé, son ardent patriotisme, sa langue saine et savoureuse, il était désigné pour être le grand éducateur musical de l'Allemagne ; et il le fut. Dans la dispersion des artistes allemands d’alors, parmi les vicissitudes de leurs œuvres, auxquelles manquait l'appui d’une centralisation politique, et qui subissaient les fluctuations du goût des petites villes et des petites cours, Mattheson fut, à lui tout seul, pendant près d’un demi-siècle, la tribune de la musique allemande, le cerveau où se concentraient ses pensées, venues de tous les coins du pays, et d’où elles rayonnaient ensuite sur tout le pays. C’est ainsi que se conservèrent les idées de Keiser, qui sans lui fût tombé dans l’oubli, sans laisser aucune trace ; c’est ainsi qu’ont surnagé du naufrage, jusqu’à nous, une multitude de souvenirs inappréciables pour l’histoire musicale du XVIIIe siècle, que Mattheson recueillit et publia dans sa monumentale Ehrenpforte[1]. Il agit puissamment sur son temps. Ses livres faisaient loi auprès des Kapellmeister, Cantores, organistes, professeurs.
- ↑ Grundlagen einer Ehrenpforte, worin der tüchtigsten Kapellmeister, Komponisten, Musikgelehrten, Tonkünstler, etc. Leben, Werke, Verdienste, etc., erscheien sollen, 1740.