l’Opéra, le 5 décembre 1704, ils se battirent en duel, sur la place du marché de Hambourg ; et peu s’en fallut que Hændel ne fût tué : car l’épée de Mattheson se brisa sur un large bouton de métal du justaucorps de son adversaire. Après quoi, ils s’embrassèrent ; et les deux compagnons, réconciliés par Keiser, prirent part ensemble aux répétitions de l’Almira, le premier opéra de Hændel[1].
La première représentation eut lieu, le 8 janvier 1705 ; et le succès fut éclatant. Un second opéra de Hændel, Nero[2], joué le 25 février suivant, ne réussit pas moins. À lui seul, Hændel occupa l’affiche de l’Opéra pendant toute la sai-
- ↑ Der in Krohnen erlangte Glücks-Wechsel, oder Almira, Königin von Castilien (Les vicissitudes de la fortune des rois, ou Almire, reine de Castille). — Le libretto avait été tiré d’une comédie de Lope de Vega par un certain Feustking, dont Chrysander a raconté la vie scandaleuse et la guerre de pamphlets orduriers avec Barthold Feind, au sujet de cette pièce. Keiser devait écrire la musique d’Almira ; mais, trop occupé par ses affaires et ses plaisirs, il passa le livret à Hændel.
Une fois pour toutes, je tiens à rappeler que l’exiguïté de ce volume m’interdit l’analyse des opéras de Hændel ; je remets cette analyse détaillée à un autre livre sur Hændel et son temps (Musiciens d’autrefois, 2e série).
- ↑ Die durch Blut und Mord erlangte Liebe, oder Nero. (L’amour obtenu par le sang et le crime, ou Néron.) Poème de Feustking. Mattheson jouait le personnage de Néron. — La partition musicale a été perdue.
petite comédie pendant les deux premières représentations, refusa, à la troisième, de céder la place à Mattheson. À la sortie, ils en vinrent aux mains. — L’histoire a été racontée, d’une façon assez embrouillée, par Mattheson, dans l’Ehrenpforte, et par Mainwaring, qui la tenait de Hændel.