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encore trop sérieux, il y mêla une farce en platt deutsch : Die lustige Hochzeit (La noce joyeuse). On comprend que Hændel se soit désintéressé de sa pièce, ainsi défigurée, et qu'il n'ait même pas attendu la représentation pour quitter Hambourg. Vers l'automne de 1706, à ce qu'il semble, il prit le chemin de l'Italie[1].

Ce n’était pourtant pas qu'il fût attiré par elle. Chose curieuse, — et qui n'est pas unique dans l'histoire de l'art, — cet homme qui allait subir la fascination de l'Italie et faire triompher dans l'Europe musicale le beau style latin, avait alors des répugnances très marquées pour l'art welche. Au temps des représentations d'Almira, il avait fait la connaissance d'un prince italien ; Jean Gaston de Médicis, frère du grand-duc de Toscane[2], s’était étonné que Hændel ne s'intéressât point aux musiciens italiens, et lui

  1. Outre ses opéras et sa Passion, Hændel avait écrit à Hambourg un grand nombre de cantates, de lieder, et d'œuvres de clavier. Mainwaring assure qu'il en avait deux caisses pleines. Mattheson a douté de l'exactitude du fait ; mais l'ignorance qu'il témoigne à ce sujet ne prouve rien de plus que l’éloignement dans lequel le tenait alors Hændel : car on a retrouvé depuis, soit dans le Klavierbuch aus der Jugendzeit (t. XLVIII des œuvres complètes), soit dans les Sonatas (t. XXVII), nombre de compositions qui datent certainement de 1705 ou de 1706, à Hambourg.
  2. Ce fut le dernier des Médicis. Il prit le pouvoir en 1723, puis, après quelques années d'éclat, il se retira dans la solitude, malade de corps et d'esprit. (Voir Reumont : Toscana, et Robiony : Gli Ultimi dei Medici.)