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même société d’élite se retrouvait aux soirées du cardinal Ottoboni[1]. Tous les lundis, au palais Ottoboni, comme aux réunions de l'Arcadie, on donnait des concerts et des récitations poétiques. Le cardinal-prince, surintendant de la chapelle pontificale, avait à son service le premier orchestre d’Italie[2] et les chanteurs de la Sixtine. À l’Arcadie se faisait aussi entendre un orchestre nombreux, sous la direction de Corelli, de Pasquini ou de Scarlatti. On s’y livrait à l’improvisation poétique et musicale : ce qui provoquait des joutes artistiques entre poètes et musiciens[3].


    Hændel ne fut pas inscrit à l’Arcadie, parce qu’il n’avait pas encore l’âge réglementaire : vingt-quatre ans.

  1. Le cardinal Ottoboni était un Vénitien, neveu du pape Alexandre VIII. Bon prêtre, très bienfaisant, mécène fastueux, dont les prodigalités étaient célèbres jusqu’en Angleterre, ou Dryden les glorifiait en 1691 dans le prologue de King Arthur de Purcell, il était grand dilettante et avait écrit lui-même un opéra : Il Colombo overo I’India scoperta (1691). Alessandro Scarlatti mit en musique son libretto de Statira, et composa pour lui sa Rosaura et son Oratorio de Noël. Il était surtout intime avec Corelli, qui habitait chez lui.
  2. Corelli tenait le premier violon, et Francischiello le violoncelle.
  3. À une réunion de l’Arcadie, en avril 1706, Alessandro Scarlatti se mit au clavecin, tandis que le poète Zappi improvisait un poème. À peine Zappi avait-il fini de réciter le dernier vers, que Scarlatti exécutait la musique qu’il venait d’improviser sur ces vers. — De même, chez Ottoboni, Hændel improvisa plusieurs cantates profanes, tandis que le cardinal Panfili improvisait les vers. On conte qu’un de ces poèmes faisait l’éloge dithyrambique de Hændel, et que Hændel, imperturbable, s’amusa à le mettre en musique, et sans doute à le chanter.