Page:Rolland Handel.djvu/73

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pu s’appeler aussi bien le duc de Venise que le duc de Hanovre : car il était constamment à Venise, et il n’en voulait plus sortir[1]. Le peuple hanovrien commençait à murmurer. Pour retenir le prince chez lui, on ne trouva d’autre moyen que de lui bâtir un magnifique Opéra, où il put donner des spectacles et des fêtes, à l’instar de Venise. L’idée était bonne. Ernest-Auguste se passionna pour son nouveau théâtre, qui, édifié et décoré par des Italiens, de 1687 à 1690, fut le plus beau d’Allemagne[2]. Pour ce théâtre on engagea comme kapellmeister Steffani[3].

  1. Devenu duc en 1680, l’année même il part pour Venise. Il y repart à la fin de 1684, et y reste jusqu’en août 1685. Il repart, trois mois après, en décembre, et ne revient qu’en septembre 1686. Il logeait au palais Foscarini, avec sa suite nombreuse, ses ministres, ses poètes, ses musiciens, sa chapelle. Il y dépensait des sommes énormes. Il donnait des fêtes aux Vénitiens, et avait des loges, louées à l’année, dans cinq théâtres de Venise. En revanche, il vendait ses sujets, comme soldats, à Venise ; et son fils Maximilien était le général de la République. Quand le grand-maréchal de la cour de Hanovre écrivait à son prince le mécontentement du peuple, Ernest-Auguste répondait : « Je voudrais bien faire venir ici Monsieur le grand-maréchal, afin qu’il ne m’écrive plus si souvent de revenir à la maison. Monsieur le grand-maréchal n’a pas idée comme c’est amusant, ici ; s’il y était seulement une fois, il ne voudrait plus retourner en Allemagne. »
  2. Barthold Feind disait, en 1708 : « Des opéras allemands, celui de Leipzig est le plus pauvre, celui de Hambourg le plus vaste, celui de Brunswick le plus parfait, celui de Hanovre le plus beau. » — L’opéra de Hanovre, à quatre étages de loges, pouvait contenir 1 300 personnes.
  3. L’orchestre était composé, en majorité, de Français, et