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LE PEUPLE ET LE THÉÂTRE


Il s’est produit un fait remarquable depuis dix ans. L’art français, le plus aristocratique de tous les arts, s’est aperçu que le Peuple existait. — Il le connaissait bien comme matière à discours, à roman, à drame, ou à tableau,…

« Admirable sujet à mettre en vers latins ! »…

Mais il ne comptait pas avec lui, comme avec un être vivant, un public et un juge.[1] Les progrès du socialisme ont attiré l’attention et les convoitises des artistes vers le souverain nouveau, dont les politiciens étaient jusqu’à présent les interprètes uniques : auteurs et acteurs tout ensemble. Ils ont découvert le peuple à leur tour, — découvert, si j’ose dire, un peu à la façon dont les explorateurs d’aujourd’hui découvrent une terre inconnue : comme un débouché pour leurs pro-

  1. Alors le poète belge Rodenbach écrivait : « L’art n’est pas fait pour le peuple… Pour qu’il soit compris par le peuple, il faudrait l’abaisser à son niveau. »