Page:Rolland Les origines du théâtre lyrique moderne.djvu/118

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Sa gloire n’est pas seulement italienne; on imprime ses œuvres à Anvers (1) et à Copenhague. Les vieux maîtres allemands étudient ses partitions, comme Praetorius, ou le viennent voir à Venise, comme Schiitz (1628), qui compose un de ses chants spirituels sur des motifs de Monteverde (2). On. cherche même à l’attirer en Allemagne (3).

Huygens et Albert Ban (4), en Hollande, le lisent avec une curiosité passionnée.

Quant aux Français, ils ne discutent pas leur admiration et s’inclinent à l’envie devant sa toute-puissance. André Maugars et Thomas Gobert le regardent « comme un des premiers compositeurs du monde (5). »

L’œuvre vaillante de Monteverde eut son couronnement. En 1637, de son vivant encore, s’ouvrit à Venise le premier théâtre public d’opéra, le S. Cassiano (nuovo), qui fut bientôt suivi d’une quantité d’autres. Il ne l’inaugura point; une troupe romaine,

(1) 3° livre des madrig. à 5 voix. Anvers, P. Phalesius, 1615.

4 e livre — — 1615, 1644.

5 e livre — — 1615.

6 e livre — — 1639, etc.

(2) Schiitz, Es sleh Gott auff , 2 e partie des Symphonies sacrées. Sur le madrigal de Monteverde : « Armato il cor, » et « Zefira, torna, » chacone.

(3) E ben mostrô d’aver giudizio quando Fermossi senz’andar in Alemagna Perche avria dato alla sua vita bando Da quai costi in Venezia si sparagna.

(Castaldi. Voir plus haut.)

(4) Bannius, ami de Descartes, musicien. Voir ses lettres dans la Correspondance et œuvre musicales de Consi. Huygens, publiées par W. J. A. Jonckbloet et J. P. N. Land. Leyde, 1882.

« J’estime par dessus tout M. Monteverde... Personne n’a tant fait dans l’art du chant que cet homme admirable. »

Il y môle cependant des réserves intelligentes , qui font regretter de ne pas connaître cette musique hollandaise du dix-septième siècle.

« Monteverde libro 4, 5, 6, 7 madrigal., pathemata animi prae omnibus tentavit, et tetigit, liect rem non praestiterit. »

(5) « ...Ce grand Monteverde, maistre compositeur de l’église Saint-Marc, qui a trouvé une nouvelle manière de composer très admirable, tant pour les instrumens que pour les voix , qui m’oblige à vous le proposer comme un des premiers compositeurs du monde. » (Maugars, Response faile à un curieux sur le sentiment de la musique d Italie, 1639 ou 1640, publié en 1865 chez Thoinan. Paris.) Cf. Gobert, Lettre du 17 juillet 1646 (Corresp. de Huygens).