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MONTEVERDE. 103

et Péri , si peu empressé à louer les autres, s'enthousiasme pour lui (1).

Le décret des procurateurs vénitiens (Contarini, Sagredo, Cor- naro et Landi) , qui l'installe à Saint-Marc, est rédigé dans les termes les plus flatteurs (2). Pour attacher à leur ville le génie de Monteverde, ils décident à l'unanimité de lui accorder un traite- ment de trois cents ducats, alors que ses plus glorieux prédéces- seurs (Willaert, Cipriano di Rore, Zarlino, Donati , G. Croce , Martinengo) n'ont jamais reçu plus de deux cents ducats. Toute l'aristocratie et le peuple de Venise ratifient ce choix par l'en- thousiasme avec lequel ils vont assister à ses concerts (3).

Les souverains d'Italie se disputent sa personne et ses œuvres. Il ne se fait point de mariage princier sans sa direction artisti- que. Les Académies étrangères s'honorent de son nom (Floridi et Filomusi , de Bologne). Toute opposition s'est tue. Ses princi- pes ont si bien triomphé qu'ils ont passé dans l'usage courant et que l'on songe à peine, qu'il lésa trouvés. Les partisans de l'ancienne école, ses anciens adversaires (Lod. Zacconi par exemple) (4), font volte-face contre Artusi et s'enrôlent à sa suite. Les poètes et les musiciens italiens lui prodiguent les éloges les plus mythologi- ques et l'encens le moins mesuré. Il est banal de le comparer à Apollon, aux dieux, aux chants des anges (5).

musiche..., etc. » (Conclusioni nel suono dell' orga.no. Bologne, Rossi, 1609, p. 59.)

(1) Voir lettre de Rinuccini, 24 juin 1610. Florence.

(2) Actes de la Procuratia per la chiesa di S. Marco (Archiv. di stato. Venise).

(3) « Ne vi ô gentilhomo che non mi stimi et honori, et quando vado a far qualche musica o sia da caméra o chiesa, giuro a V. S. 111. che tutta la città corre. Il servitio poi è dolcissimo. » (13 mars 1620. Lettre de Monteverde. Arch. Gonzaga.)

(4) Il suffit de comparer les deux parties de sa Prattica di Musica : 1° Venise, Carampello, 1596; 2° Venise, Vincenti, 1622.

(5) « Ho cercato di scguir l'orme d'un nuovo vivente Àpollo, sovra'l cui verde Monte le vere Muse cercan di ricovrarsi per apprendere i tuoni degli exquisiti concerti. » (Giov. Rovetta, Salmi Concertati, 1626.)

« Mons. Monte Verde, qui, par sa sublimité proche du ciel, entend le doux chant des anges, et a rempli le monde de céleste harmonie. » (Pellegrino Possenti, Canora Sampogna. Venise, 1623.)

Voir le Canzoniero de Stigliani (Venise, 1615; Rome, 1625) et les vers de Bellerofonte Castaldi (Musurgiana de Valdrighi, 1880, Modéne). Tarquinio Merula, La Monteverde , canzonc a 4 (Canzoni a 4, lib. I. Venise, 1615, Gardane). Pietro Lappi, La Monteverde, canzono a 13 (Canzoni da suonare, lib. I. Venise, 1616). Claudio Saracini , Udite lagrimosi spirti , dédie, au Molto illustre sig. Cl. Monlev. (Seconde musiche, 1620, Venise, Vincenti).

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