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DEVELOPPEMENT DE L'OPÉRA ARISTOCRATIQUE EN ITALIE. 113

sentée le 11 octobre 1628, pour les noces du duc de Parme, Odo- ardo Farnese, avec Marguerite de Toscane. Cette partition, que nous avons consultée à Naples, a un double intérêt; car elle n'est pas tout entière de Gagliano, et le fondateur de l'opéra , Péri , y écrivit un rôle entier, celui de Glori. — Le poème de Andréa Salva- dori est gracieux ; il chante la naissance des fleurs , « ces étoiles de la terre (1), » des amours de Zéphyre et de Gloris. Au pre- mier rang, dans le divin parterre, s'épanouissent, comme on pense, les lis de Parme et de Florence. On ne reste pas insensi- ble au charme des doux vers et à la délicate tendresse de ces gen- tils livrets, un peu mièvres (2). Qui voudrait connaître le théâtre italien du dix-septième siècle ne pourrait se dispenser de lire les poèmes d'opéra. La vie littéraire s'y est réfugiée ; qualités et dé- fauts de la race y sont développés à l'excès. La musique aussi a quelque chose de fin, de poétique, de tendrement spirituel; elle ne s'élève pas bien haut, mais son souffle est aimable, simple, souriant. L'haleine est un peu courte, mais fraîche et saine. La force a souvent manqué à Florence ; jamais la grâce (3).

Principessa Margherita di Toscana. (Florence, Zan. Pignoni, 1628. Exem- plaires au Liceo Mus. de Bologne, au Conservatoire de Naples, à la Bibl. Est. de Modène.)

(1) « Era ordinato da Giove, che la terra à paragone del Cielo, avesse an- cora ella le sue stelle, e qucste avevano da essere i fiori, i quali dovevano nascere dagi' amori di Zeffiro e di Clori, uno vento di primavera..., etc. » (Argomento délia favola.)

(2) Scène de Zeffiro et Clori (p. 135). Clori : « Dhe che novell' ascolto, è fedel' il mio bene? E mia la vita mia? Partiti, gelosia; partitevi dall' aima, affanni e pêne. Non so come sostiene tanta dolcczza il core. Non so corne di gîoia, egli non more ; Torna se fîdo sei, o bel Zeffiro mio, Torna à far primavera à gl' occhi miei : Torna se fido sei, Torna ch' ogni momento ch' io stô lungi da te, morir mi sento. Tu sei la mia vaghezza, e '1 mio desio. Torna, torna, Zeffiro mio. »

Zeffiro : « Dimmi, sei tu mia vita, che mi chiami al gioire, ô più tosto al monre ? »

Clori : « Son io che fatta certa del tuo sincero amore, ti dô mo stessa, e'1 core. »

Zeffiro : « Ah tu dell' Arno amante, sprezzi ogn' altro consorte, e sol finge cosi per darmi morte. »

Clori : « Credi, caro mio bene, credi, te solo adoro, in te spiro, in te vivo, e per te moro. » ... Etc.

(3) Gagliano fut apprécié à l'étrangor. Ses compositions passèrent la fron- tière ; on les jouait souvent à Hesse-Cassel et Brunswick-Wolfenbùttol. En Danemark, Christian IV, donnant l'ordre do faire une listo des mcillours auteurs musicaux, pour acquérir lours œuvres, on 1030, Giacobbi do Bolo- gne et Gagliano furent du nombre. Quant à Florence, ainsi que nous l'avons dit, elle joua dos compositions religieuses do Gagliano, jusqu'au commen-

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