Page:Rolland Les origines du théâtre lyrique moderne.djvu/159

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dans la maison d’Ottavio Doni, père du musicographe. Il suivit les leçons de G. et B. Nânini et de.Suriano, puis entra au service de Cosme II de Médicis, et joua les premiers rôles dans les représentations de Florence. Il y excita des transports d’enthousiasme. Le cardinal Ludovisi le vit et en fut si passionné , qu’il l’enleva à Cosme; il ne le laissait entendre qu’à des personnages de choix, qui lui faisaient de superbes cadeaux. Il entra, le 23 janvier 1622, à la chapelle pontificale. Le pape Urbain VIII le nomma chevalier (de la milice de J.-C). Son art admirable jetait le public dans des transports que nous avons peine à concevoir. Erythraeus, qui se fit son biographe et son apologiste, décrit son extase d’une façon passionnée. Il dit que lorsque Vittori chantait, beaucoup de personnes étaient obligées d’ouvrir brusquement leurs vêtements pour respirer, suffoquées d’émotion. Telle était sa popularité à Rome, que les nobles et les cardinaux se virent une fois chassés d’une de ses représentations par le peuple, qui fit irruption d’ans le palais des Jésuites. Ses concerts devinrent de petits champs de bataille. Quand le peuple n’avait pu réussir à y pénétrer, il se groupait autour du palais pour tâcher de saisir quelques accents de la représentation (1).

Le chevalier Loreto ne chantait pas seulement la musique des autres. La sienne était encore plus fameuse. Il écrivit un Saint


intéressant et peu connu de Lindner : zur Tonkunst. Il cite une lettre assez pittoresque de G. de Rossi à Isabella Ubaldi sur une fête gastronomico-musicale , donnée par le chevalier Loreto. La correspondance de Pietro délia Valle avec G. B. Doni (à l’Istituto musicale de Florence) peut aussi fournir quelques renseignements sur Loreto, comme sur les cénacles musicaux de Rome, vers 1640 (Voir, par exemple, la lettre du 23 décembre 1640).

Nicias Erythraeus, le biographe de Vittori, de son vrai nom Victor Rossi, écrivit en 1642 une PinacolJieca Imaginum illuslrium doctrinae vel ingenii laude virorum qui , auctore superstite , diem suam obierant (Iani Nicii Erithraei). Cologne.

(1) Loreto Vittori chante à Parme, dans les intermèdes do Monteverde, en 1627. Voir la note originale dans l'Arch. di Stato. Cartegg, Farnèse, 1628. — A côté de son nom, on lit : « E principalissimo (le plus important de tous) o da esserc riconosciuto più con regaio, che con denari. » — Tout de suite après, pour le meilleur chanteur do la troupe, on a bien soin d’établir la distinction : « Non è tcnuto egualo al Cavalière, ma è bene di usaro anco con lui di qualche regaio. » (Nota de musici di Roma, che hanno da servira in Parma.)

Il chante Angélique et Atlante dans Il Palagio d’Atlante de L. Rossi (Lic. mus. de Bologne). — Erythraeus parle d’un concert où il fit pleurer toute l’assistance avec le Repentir de Madeleine (paroles d’Erythraeus, musique de Virgilio Mazzocchi). Il rend compte aussi de ses représentations particulières chez les cardinaux Barberini, Aldobrandini, Ubaldi.