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INTRODUCTION.

cent ans plus tard à la constitution définitive du théâtre d’opéra dans tous les pays.

Dans un premier chapitre, nous verrons la vie s’introduire peu à peu sous les formes glacées et purement architecturales de la musique du moyen âge ; l’esprit populaire, depuis longtemps méconnu, y reprendra ses droits ; le sentiment personnel s’épanouira de nouveau parmi les abstractions des vieux contrepointistes. Des esprits hardis comme Josquin, des âmes tragiques comme Palestrina, donneront conscience à la musique de son pouvoir expressif. Etonnée de ses richesses, elle en cherchera les limites ; elle s’efforcera d’appliquer cette force qui lui est révélée, à la représentation de la nature et de l’âme. Les premiers novateurs, sans renoncer encore aux formes du passé, feront pénétrer l’esprit nouveau dans le Madrigal ancien, et des symphonies dramatiques à plusieurs voix, comme chez Vecchi de Modène, seront les premiers essais du théâtre lyrique. Une seconde génération de chercheurs, pour la plupart Florentins, s’attaque à la forme même, et étudiant longuement les rapports de la parole au chant, et de l’expression dramatique à la musique, crée le style récitatif, qui deviendra l’instrument de l’art nouveau. Le génie de Monteverde donne presque aussitôt aux tentatives de Péri et Gaccini une consécration retentissante. La cause de l’opéra est grâce à lui gagnée ; il se développe rapidement dans toutes les villes d’Italie ; il prend part à toutes les fêtes de Florence et de Rome ; les Barberini lui donnent dans leur palais un somptueux asile ; les grands seigneurs rivalisent de faste dans la protection qu’ils lui accordent. Les noms de Gagliano, Francesca Gaccini, Vitali, Mazzocchi, Stefano Landi, Michelangelo Rossi, Marazzoli, Loreto Vittori, illustrent ces efforts. Malheureusement, à rester enfermé dans cette société factice, l’opéra prend vite un caractère conventionnel ; il s’étiole, et finirait par disparaître, si dans le même temps il ne trouvait de plus libres refuges et des formes plus spontanées, où se conservent et se développent des germes de vie populaire : c’est la comédie musicale de Florence (théâtre de la Pergola) ; c’est l’opéra historique de Venise, le drame patriotique de Lucques, le mélodrame napolitain, imprégnés de la forte senteur du terroir italien. Enfin, quelques génies, recueillis et concentrés, donnent à la pensée de la race son expression la plus profonde : le Romain Garissimi dans l’oratorio ; Provenzale, de Naples, dans l’opéra.

Le drame lyrique s’étend en dehors de l’Italie. Les élèves de Gabrieli et de Monteverde le portent en Allemagne. Schütz s’y