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L'OPÉRA EN ALLEMAGNE. 201

Il n'est pas douteux cependant que la Dafné n'ait éveillé l'es- prit dramatique eu Allemagne. Quelques œuvres, récemment re- trouvées, témoignent de l'influence italienne, même au sein de tant de préoccupations. La plus ancienne pièce musicale connue de l'Allemagne, est un Freudenspiel en 5 actes, joué à Nuremberg en 1644 : Das Geislliche Waldgedicht, oder Seelewig (1). L'auteur, Sigmund Gottlieb Staden, était organiste de Saint-Sebald de Nu- remberg. La musique ne manque ni d'expression, ni de pittores- que, malgré l'imitation italienne qui ne cherche pas à se dissi- muler. On sent dans le poème le panthéisme moral qui est l'âme du Freyschùtz et du Venusberg, la Nature avec ses souffles ennemis de matérialisme diabolique et de mysticisme chrétien. Ce sont déjà les êtres, presque la langue par instants, des Filles du Rhin (Rheingold) (2).

Cependant, il faut attendre jusqu'en 1654 pour trouver des re- présentations suivies de musique allemande, jusqu'en 1678 pour l'établissement d'un théâtre d'opéra à Hambourg. — Mais l'art alle- mand refoulé, contraint au silence, n'a jamais été plus grand que durant cette terrible époque. Toute sa puissance dramatique et sa profondeur de sentiment se réfugient dans sa méditation et dans sa foi religieuse. Elle trouve en Heinrich Schûtz son expression immortelle, le poète de ses jours de malheur.

��Heinrich Schùlz, né à Kôstritz (Vogtland) le 8 octobre 1585, étudia d'abord pour le doctorat, à Marbourg, pendant deux ans. Le landgrave, charmé de sa belle voix et de ses dispositions mu- sicales, lui donna une bourse de voyage. Schûtz alla à Venise, que dominait alors la gloire de Giovanni Gabrieli (3). Il y resta trois

��(1) Publié pour la première fois en 1881. Berlin. Monatshefte fur Musih- gescliichte , par R. Eitncr. Cette pièce a échappé jusqu'ici aux musicogra- phes, parce qu'elle se trouve dans une publication littéraire : Harsdôvffer'a Fraucnzimmer Gespre,chspiele, k Theil. Nùrnberg, 1644. — Georg Philipp Harsdôrffer est l'auteur du poème. — Orchestre : 3geigen (violons), 3 floten (flûtes), 3 schalmeyen (chalumeaux), 1 grobes horn (cor), basse continue faite par le théorbe.

(2) Seelewig, Sinnigunda, llcrzigilda, Kunsteling, Ehrelob, Reichimut, Trùgewalt, etc.

(3) « ...Dalla sua corto, ovo da teneri anni por sua clomonza benigna- mente fui enodrito , emmi toccato uscir per l'Italia in particolaro, e quivi tnescolarmi ;» qucll'onda, che tutta l'Italia, con mormorio piu d'ogni altro simile ail' Armonia Céleste va illustrando, quai' è il famosissimo Gabrieli,

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