Page:Rolland Les origines du théâtre lyrique moderne.djvu/273

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

L'OPÉRA EN FRANCE. 259

fait fermer le théâtre de Gambert (1) et obtient lui-même le privilège d'une académie royale de musique, exclusif à tous autres (2). Gambert passa à Londres, et plus utile qu'en France, où sa place était mieux remplie, y porta les enseignements du goût latin et les germes du drame lyrique (3).

��L'opéra de Lully nous offre un spectacle inattendu. La tragédie florentine, disparue depuis soixante ans, s'épanouit brusquement avec un éclat qu'il était impossible de prévoir. Après avoir dévié de sa route sous la puissante main de Monteverde, elle revient à son premier idéal et lui donne l'expression la plus complète et la plus logique qu'il ait reçue depuis Péri. Mais c'est avec la supé- riorité de la science, de l'époque et du génie (4).

��(1) Lettre de Louis XIV à la Reynie.

(2) Lettres patentes de mars 1672.

(3) Pomone fut représentée à Londres, ainsi que les Peines el plaisirs de l'Amour. Ariane y fut aussi donnée en 1673. Cambert y écrivit encore la Mort d'Adonis, qui resta manuscrite (Beauchamps). — Saint-Evremond dit grand bien de l'Ariane. « La musique fut le chef-d'œuvre de Cambert. J'ose dire que les plaintes d'Ariane et quelques autres endroits de la pièce, ne cédait presque en rien a ce que Baptiste a fait de plus beau. » Surin- tendant de la musique de Charles II, comblé d'honneurs à la cour, Cambert mourut au commencement de 1677, assassine, dit-on, par son valet. (Secré- taire de Lully). Il laissait un élève, Grabut, qui devait continuer son œuvre, et servir de transition entre lui et Purcell.

Quant à Perrin, il mourut à Paris , en 1675, dans la plus grande misère.

(4) Je n'entends point faire ici l'histoire de Lully; son œuvre sort déjà de l'époque où je me suis enfermé. Je veux seulement montrer quels caractères prend avec lui l'opéra français. Voici les dates principales de sa vie et do ses compositions :

Jean-Baptiste Lulli, né à Florence en 1633, mort à Paris, le 22 mars 1687. Il suivit en 1646 le chevalier de Guise, et entra au service de M Uo de Mont- pensier. Il apprit le clavecin et la composition sous la direction de Metru, Roberdet et Gigault, organistes de Saint-Nicolas-des-Champs. Il entra dans la grande bande des violons du roi, reçut en 1652 l'inspection générale des violons, puis devint chef des petits violons; enfin, investi des privilèges de Perrin , il devint écuyer, conseiller, secrétaire du Roy, maison, couronne de Franco et de ses finances, et surintendant de la musiquo du roi.

15 novembre 1672. Les Festes de l'Amour et de Dacclius, pastoralo en 3 actes et prol. (Molière, Bensorade, Quinault).

Avril 1673. Cadmus et Hermione, tragédie lyr., 5 actes et prol. (Quinault).

19 janvier 1674. Alceste, trag. lyr., 5 a. ot prol. (Quinault).

11 janvier 1675. Thésée, trag. lyr., 5 a. et prol. (Quinault).

�� �