Aller au contenu

Page:Rolland Les origines du théâtre lyrique moderne.djvu/309

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

L'OPÉRA EN ANGLETERRE. 295

Le Common Wealth (1647-1656) fut un moment d'arrêt pour l'art, et surtout pour le drame musical. En 1656, sir Davenant rouvrit un théâtre, pour faire des entretiens en musique et dé- clamation, à la façon des anciens. « Il en avait obtenu l'autorisa- tion, parce qu'on pensait que ce serait en italien et que personne ne comprendrait. » Mais, pour préparer les esprits, il débuta par un dialogue d'Aristophane et de Diogène sur l'art dramatique, rem- pli d'allusions contemporaines. Le succès fut très grand. Peu de temps après, il donna à Rutland House le Siège de Rhodes (1656). Ce fut, d'après Pope, le premier opéra chanté en Angleterre; et l'on sait par Langbaine (Account of the english dramatic poels), que celte pièce et quelques autres de Davenant étaient en « stile reci- tativo. » Burney en doute un peu. Mais Evelyn, dans son Diary, dit avec précision : « En 1662, je vis jouer la deuxième partie du Siège de Rhodes. Il était en musique récitative. »

La pièce suivante de Davenant fut la Cruauté des Espagnols au Pérou (1658). Evelyn en parle aussi : « J'ai été voira Londres un opéra avec décors et musique récitative, à la manière italienne; il est bien inférieur aux œuvres d'Italie, pour la composition et la magnificence ; mais il est prodigieux qu'en un temps de cons- ternation publique (mort de Gromwell), de telles vanités soient permises. »

Dans une autre pièce de Davenant, The Playhouse to let, un mu- sicien a occasion de s'expliquer sur ce qu'il entend par récitatif musical. « Il n'est pas écrit, » dit-il, « dans le style familier de la conversation. Le langage de la tragédie est plus élevé que le parler ordinaire ; à la hauteur des vers répond la grandeur des passions, et la musique prête encore ses ailes aux envolées de la poésie. » C'est le juste principe de l'opéra florentin et français. Il est fâcheux qu'il ne nous reste rien de la musique qui ornait les pièces de Davenant. Leur mérite poétique est médiocre ; mais on ne saurait oublier qu'elles ont ouvert la voie au drame musical de Lock et Purcell (1).

��Milton, avec son abstraction passionnée, propre surtout à rendre puissam- ment des senlirnents généraux, plutôt qu'à peindre les hommes et les vies individuelles, était bien fait pour donner à l'Angleterre un de ses premiers et plus célèbres opéras.

(1) Après la Restauration, Londros a deux théâtres établis par licence royale : le King's theater, au Drury Lanc; et le Duko's thoater, colui do Davenant. En 1G82 (Davenant était mort en 1GC8), les compagnies n' pas assez fortes pour vivre séparément, so réunirent ioui le Qom <!•' Koyale compagnie de Comédiens. 11 faut ajouter qu'au temps do Jacques I ,r , los

�� �