Page:Rolland Les origines du théâtre lyrique moderne.djvu/61

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

singulier, suivant le goût de l’auteur, est commenté par lui dans sa préface. Ce n’est pas là, dit-il, un jardin artificiel; c’est un bois. Un ordre factice n’y préside pas à la composition; la verve de l’auteur s’y donne libre carrière, comme la nature dans sa surabondante fantaisie. Ainsi que toutes les herbes et les plantes se trouvent mêlées dans une forêt , ici le sérieux est uni au familier, le grave au plaisant, le chant à la danse (1). — La seule table des matières, ou simplement le titre, montre la diversité des genres employés par l’auteur : « cioè madrigali, capricci , balli, arie, iustiniane, canzonette, fantasie, serenate, dialoghi, un lotto amoroso, con una battaglia a 10 nel fine. » Sans y insister davantage, remarquons déjà l’effort de Vecchi pour varier son talent, ou peut-être satisfaire les multiples exigences de sa veine féconde.

L’effort est plus sensible encore dans le Banquet (1597) (2). Ce sont les noces de Gamache de la musique. Vecchi y veut servir à la foule aux mille têtes et aux mille goûts , un festin dans les règles, avec tous ses services. Je lui laisse la parole. Sa verve est amusante , encore que trop gastronomique ; mais on y sent une belle humeur un peu grosse, et une forte joie de vivre qui fait plaisir.

« Le véritable assaisonnement des mets est la faim , dit Socrate; donc, que qui veut s’asseoir à mon Banquet, ait bon appétit, et tout lui sera bon. Je le dis, parce qu’il ne serait pas étonnant , avec la quantité de musique qui se publie , que les oreilles rassasiées et écœurées , fussent comme ces malades qui touchent à peine un mets, que dégoûtés ils en demandent un au-

posta, e data in luce, con privilégie Venise, Gardane , 1590. Les parties complètes se trouvent au Conservatoire de Paris, à Florence (Bibl. nat.), à Bruxelles (Bibl. royale), à Bologne (Liceo mus.), à Berlin (Kais. Bibl.) et à Crespano.

(i) « ... Selva, per non seguire in essa un filo continuato, cosi veggiamo nelle Selve gli arbori posti senza quell’ ordine che ne g4i artificiosi giardini veder si suole. » J’ajoute à Selva le mot deRicrealione , « perche si corne in una Selva, vi si mirano varietà d’ herbe e di piante porgere a’ i riguardanti tanto diletto , cosi debbe la varietà délie harmonie sparsa frà questi miei canti sembrare una Selva. Et havendo altresi giunto in uno lo stil serio col famigliare, il grave col faceto, o col danzevole, dovrà nascerne quella varietà, di che tanto il mondo gode. » (Préface.)

(2) Convito musicale, a tre, quattro, cinque, sei, sette, e otto voci, novamente composto , et dato in luce. (Venise, Gardane, 1597.) — Les parties complètes sont au Liceo musicale de Bologne et dans plusieurs bibliothèques d’Allemagne et d’Angleterre : Danzig, Cassel, Hambourg, Wolfenbùt- tel ; — Westminster, Oxford et Londres.