Ange, avec l’appui des cardinaux Salviati et Cervini.[1] Michel-Ange daigna à peine se justifier : il refusa toute discussion. — « Je ne suis pas obligé, dit-il au cardinal Cervini, de vous communiquer, à vous, ou à qui que ce soit, ce que je dois ou veux faire. Votre affaire est de surveiller les dépenses. Le reste ne regarde que moi. »[2] — Jamais son orgueil intraitable ne consentit à faire part de ses projets à personne. À ses ouvriers qui se plaignaient, il répondait : « Votre affaire est de maçonner, de tailler, de menuiser, de faire votre métier, et d’exécuter mes ordres. Quant à savoir ce que j’ai dans l’esprit, vous ne l’apprendrez jamais : car ce serait contre ma dignité. »[3]
Contre les haines, que de tels procédés soulevaient, il n’eût pu se soutenir un instant sans la faveur des papes.[4] Aussi, lorsque mourut Jules III,[5] et que le cardinal Cervini devint pape, Michel-Ange fut sur le point de quitter Rome. Mais Marcel II ne fit que passer sur le trône ; et Paul IV lui succéda. De nouveau assuré de la protection souveraine, Michel-Ange continua de lutter. Il se fût cru déshonoré, et il eût craint pour son salut, s’il avait abandonné l’œuvre.
- ↑ Le futur pape Marcel II.
- ↑ Vasari.
- ↑ Bottari.
- ↑ À la fin de l’enquête de 1551, Michel-Ange, se tournant vers Jules III qui présidait, lui dit : « Saint-Père, vous voyez quel est mon gain ! Si les ennuis que j’endure ne servent pas à mon âme, je perds mon temps et ma peine. » — Le pape qui l’aimait, lui mit ses mains sur les épaules, et s’écria : « Tu gagnes pour les deux, pour ton âme et pour ton corps. Sois sans crainte ! » (Vasari)
- ↑ Paul III était mort le 10 novembre 1549 ; et Jules III, qui aimait, comme lui, Michel-Ange, régna du 8 février 1550 au 23 mars 1555. Le cardinal Cervini fut élu, le 9 avril 1555, sous le nom de Marcel II. Il ne régna que quelques jours ; et Paul IV Caraffa lui succéda, le 23 mai 1555.