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la vie de Michel-Ange

à ce poste par Dieu, écrivait-il. Si vieux que je sois, je ne veux pas l’abandonner ; car je sers par amour de Dieu, et je place en lui toutes mes espérances. »[1]

Il n’acceptait aucun paiement pour cette tâche sacrée.

Il s’y trouva aux prises avec de nombreux ennemis : « la secte de San Gallo »,[2] comme dit Vasari, et tous les administrateurs, fournisseurs, entrepreneurs de la construction, dont il dénonçait les fraudes, sur lesquelles San Gallo avait toujours fermé les yeux. « Michel-Ange, dit Vasari, délivra Saint-Pierre des voleurs et des bandits. »

Une coalition se forma contre lui. Elle eut pour chef l’effronté Nanni di Baccio Bigio, un architecte, que Vasari accuse d’avoir volé Michel-Ange, et qui visait à le supplanter. On répandit le bruit que Michel-Ange n’entendait rien à l’architecture, qu’il gaspillait l’argent et ne faisait que détruire l’œuvre de son prédécesseur. Le Comité d’administration du bâtiment, prenant lui-même parti contre son architecte, provoqua en 1551 une enquête solennelle, présidée par le pape ; les inspecteurs et les ouvriers vinrent y déposer contre Michel-

  1. Lettre de Michel-Ange à Lionardo, son neveu, (7 juillet 1557)
  2. Il s’agit ici d’Antonio da San Gallo, architecte en chef de Saint-Pierre, depuis 1537 jusqu’à sa mort en octobre 1546. Il avait toujours été ennemi de Michel-Ange, qui le traita sans ménagements. Ils se trouvèrent opposés l’un à l’autre, à propos des fortifications du Borgo (quartier du Vatican), pour lesquelles Michel-Ange fit abandonner les plans de San Gallo, en 1545, et lors de la construction du palais Farnese, que San Gallo avait bâti jusqu’au second étage, et que Michel-Ange termina, imposant en 1549 son modèle pour la corniche et éliminant le projet de son rival. — (Voir le Michelangelo de Thode)
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