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Romain Rolland

jour. Évite la misère, vis avec modération, fais attention à ne pas manquer du nécessaire, garde-toi de l’excès de travail…[1]

Mais nuls conseils n’y firent jamais rien. Jamais il ne consentit à se traiter d’une façon plus humaine. Il se nourrissait d’un peu de pain et de vin. Il dormait quelques heures à peine. Quand il était à Bologne, occupé à la statue de bronze de Jules II, il n’avait qu’un lit pour lui et ses trois aides.[2] Il se couchait tout habillé et tout botté. Une fois, ses jambes enflèrent, il fallut fendre les bottes : en les enlevant, la peau des jambes vint avec.

Cette hygiène effroyable fit que, comme son père l’en avait averti, il fut constamment malade. On relève dans ses lettres les traces de quatorze ou quinze maladies graves.[3] Il avait des fièvres, qui le mirent plus

  1. Suivent quelques conseils d’hygiène, qui montrent la barbarie du temps : « Avant tout, soigne ta tête, tiens-toi modérément chaud, et ne te lave jamais : fais-toi nettoyer, et ne te lave jamais. » Lettres : 19 décembre 1500.
  2. Lettres, 1506.
  3. En septembre 1517, au temps de la façade de San Lorenzo et du Christ de la Minerve, il est « malade, à la mort ». En septembre 1518, aux carrières de Seravezza, il tombe malade de surmenage et d’ennuis. Nouvelle maladie, en 1520, à l’époque de la mort de Raphaël. À la fin de 1521, un ami, Lionardo sellajo, le félicite « d’être guéri d’une maladie, dont peu réchappent ». En juin 1531, après la prise de Florence, il ne dort plus, il ne mange plus, il a la tête et le cœur malades ; cet état se prolonge jusqu’à la fin de l’année ; ses amis le croient perdu. En 1539, il tombe de son échafaudage de la Sixtine, et se casse la jambe. En juin 1544, il a une fièvre très grave ; il est soigné dans la maison des Strozzi, à Florence, par son ami Luigi del Riccio. En décembre 1545 et janvier 1546, il a une dangereuse rechute de cette fièvre, qui le laisse très allaibli ; il est de nouveau soigné chez les Strozzi, par Riccio. En mars 1549, il souffre cruellement de la pierre. En juillet 1555, il est torturé par la goutte. En juillet 1559, il souffre, de nouveau, de la pierre et de douleurs de toute sorte ; il est très affaibli. En août 1561, il a une attaque ; « il tombe sans conscience, avec des mouvements convulsifs ».
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