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LA FORCE

il était. Puis, se tournant vers le gonfalonier, il dit :

« Regardez maintenant.

— Maintenant, dit Soderini, il me plaît beaucoup mieux. Vous lui avez donné la vie. »

« Alors Michel-Ange descendit, et il rit silencieusement. »[1]

On croit lire ce mépris silencieux dans l’œuvre. C’est une force tumultueuse au repos. Elle est gonflée de dédain et de mélancolie. Elle étouffe dans les murs d’un musée. Il lui faut le plein air, « la lumière sur la place », comme disait Michel-Ange.[2]

Le 25 janvier 1504, une commission d’artistes, dont faisaient partie Filippino Lippi, Botticelli, Pérugin, et Léonard de Vinci, délibérèrent sur l’emplacement qu’on assignerait au David. Sur la demande de Michel-Ange, on décida de l’élever devant le Palais de la Seigneurie.[3] Le transport de la masse énorme fut confié aux architectes de la cathédrale. Le 14 mai, au soir, on fit sortir du baraquement en planches, où il était campé, le Colosse de marbre, en démolissant le mur au

  1. Vasari.
  2. Michel-Ange disait à un sculpteur, qui s’évertuait à arranger le jour dans son atelier, de façon que son œuvre parût à son avantage : « Ne te donne pas tant de peine, ce qui compte, c’est la lumière sur la place. »
  3. Le détail des délibérations a été conservé. (Milanesi : Contratti artistici, pages 620 et suivantes)

    Le David resta, jusqu’en 1873, au lieu qui lui avait été assigné par Michel-Ange, devant le Palais de la Seigneurie. Alors, on transporta la statue, que la pluie avait entamée d’une façon inquiétante, à l’Académie des Beaux-Arts de Florence, dans une rotonde spéciale (Tribuna del David). Le Circolo artistico de Florence propose en ce moment d’en faire exécuter une copie en marbre blanc, pour l’élever à sa place ancienne, devant le Palais Vieux.

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