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LA FORCE QUI SE BRISE

« Je ne travaille plus, je ne vis plus, » écrivait-il.[1] Il suppliait le pape d’intervenir auprès des héritiers de Jules II, de l’aider à restituer tout ce qu’il leur devait :

Je vendrai, je ferai tout ce qu’il faudra pour arriver à cette restitution.

Ou bien, qu’on lui permît de se consacrer entièrement au monument de Jules II :

J’aspire plus à sortir de cette obligation qu’à vivre.

À la pensée que, si Clément VII venait à mourir, il serait abandonné aux poursuites de ses ennemis, il était comme un enfant, il pleurait et se désespérait :

Si le pape me laisse là, je ne pourrai plus rester dans ce monde… Je ne sais pas ce que j’écris, j’ai la tête complètement perdue…[2]

Clément VII, qui ne prenait pas très au sérieux ce désespoir d’artiste, insistait pour qu’il n’interrompît pas le travail de la chapelle des Médicis. Ses amis ne comprenaient rien à ses scrupules et l’engageaient à ne pas se donner le ridicule de refuser sa pension. L’un le secouait vivement, pour avoir agi sans réflexion, et le priait à l’avenir de ne plus s’abandonner à ses lubies.[3] L’autre lui écrivait :

On me dit que vous avez refusé votre pension, abandonné votre maison, et cessé votre travail : cela me paraît un acte

  1. Lettre de Michel-Ange à Giovanni Spina, agent du pape. (19 avril 1525)
  2. Lettre de Michel-Ange à Fattucci. (24 octobre 1525)
  3. Lettre de Fattucci à Michel-Ange. (22 mars 1524)
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