de pure folie. Mon ami, mon compère, vous faites le jeu de vos ennemis… Ne vous occupez donc plus du tombeau de Jules II, et prenez la pension ; car ils la donnent de bon cœur.[1]
Michel-Ange s’obstinait. — La trésorerie pontificale lui joua le tour de le prendre au mot : elle supprima la pension. Le malheureux homme, aux abois, fut réduit, quelques mois plus tard, à redemander ce qu’il avait refusé. Il le fit d’abord timidement, avec honte :
Mon cher Giovanni, puisque la plume est toujours plus hardie que la langue, je vous écris ce que je voulais vous dire plusieurs fois, ces jours-ci, et ce que je n’ai pas eu le courage de vous exprimer de vive voix : puis-je encore compter sur une pension ?… Si j’étais certain de ne plus la recevoir, cela ne changerait rien à mes dispositions : je n’en travaillerais pas moins pour le pape autant que je pourrais ; mais j’arrangerais mes affaires en conséquence.[2]
Puis, traqué par la nécessité, il revient à la charge :
Après avoir bien réfléchi, j’ai vu combien cette œuvre de Saint-Laurent tient à cœur au pape ; et puisque S. S. m’a accordé, d’Elle-même, une pension, dans le dessein que j’aie plus de commodité pour la servir promptement, ce serait retarder le travail que ne pas accepter : j’ai donc changé d’avis ; et moi qui jusqu’à présent ne demandais pas cette pension, je la demande maintenant, pour plus de raisons que je n’en puis écrire… Voulez-vous me la donner, en
- ↑ Lettre de Lionardo sellajo à Michel-Ange. (24 mars 1524)
- ↑ Lettre de Michel-Ange à Giovanni Spina. (1524, édition Milanesi, page 425)