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III

LE DÉSESPOIR


Oilme, Oilme, ch’i’ son tradito…[1]


L’universel dégoût des choses et de lui-même le jeta dans la Révolution, qui éclata à Florence en 1527.

Michel-Ange avait jusque-là porté dans les affaires politiques la même indécision d’esprit, dont il eut toujours à souffrir dans sa vie et dans son art. Jamais il n’arriva à concilier ses sentiments personnels avec ses obligations envers les Médicis. Ce génie violent fut d’ailleurs toujours timide dans l’action ; il ne se risquait pas à lutter contre les puissances de ce monde sur le terrain politique et religieux. Ses lettres le montrent toujours inquiet pour lui et pour les siens, craignant de se compromettre, démentant les paroles hardies qu’il lui arrivait de prononcer, dans un premier mouvement d’indignation contre quelque acte de tyrannie.[2] À tout

  1. Poésies, XLIX.
  2. Lettre de septembre 1512, à propos de ce qu’il avait dit sur le sac de Prato par les Impériaux, alliés des Médicis.
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