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la vie de Michel-Ange

l’évidence même : autrement, ils n’auraient pas pris ce qui appartient aux autres, et ne seraient pas devenus tyrans en foulant aux pieds les autres… Il est donc clair que qui tue un tyran ne commet pas un assassinat, puisqu’il ne tue pas un homme, mais une bête. Ainsi, Brutus et Cassius ne firent pas un crime en massacrant César. Premièrement, parce qu’ils tuèrent un homme que chaque citoyen romain était tenu de tuer, d’après l’ordre des lois. Secondement, parce qu’ils ne tuèrent pas un homme, mais une bête à figure humaine.[1]

Aussi Michel-Ange se trouva-t-il au premier rang des révoltés florentins, dans les jours de réveil national et républicain, qui suivirent à Florence la nouvelle de la prise de Rome par les armées de Charles-Quint,[2] et l’expulsion des Médicis.[3] Le même homme qui, en temps ordinaire, recommandait aux siens de fuir la politique comme la peste, était dans un état de surexcitation telle qu’il ne craignait plus ni l’une ni l’autre. Il resta à Florence où était la peste et la révolution. L’épidémie frappa son frère Buonarroto, qui mourut dans ses bras.[4] En octobre 1528, il prit part aux délibérations pour la défense de la ville. Le 10 janvier 1529, il fut choisi, dans le Collegium des Nove di milizia pour les travaux des fortifications. Le 6 avril, il fut nommé, pour un an, governatore generale et procuratore des fortifications

  1. Michel-Ange — (ou Giannotti, qui parle en son nom) — a soin de distinguer des tyrans les rois héréditaires, ou les princes constitutionnels : « Je ne parle pas ici des princes qui possèdent leur pouvoir par l’autorité des siècles, ou par la volonté du peuple, et qui gouvernent leur ville en parfait accord d’esprit avec le peuple… »
  2. 6 mai 1527.
  3. Expulsion d’Hlppolyte et Alexandre de Médicis. (17 mai 1527)
  4. 2 juillet 1528.