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parens & pour un maître que de voir ainsi réussir un enfant dans un âge si peu avancé : mais, je croi pouvoir le dire, rien en même tems n’est si dangereux. Car, si on se livre de part & d’autre à ce plaisir, & qu’on ne ménage pas avec assez de soin la santé d’un enfant, on court risque de la ruiner pour toujours par une attention trop suivie, qui épuise les esprits sans qu’on s’en aperçoive, & qui use insensiblement des fibres & des organes qui sont alors d’une extrême délicatesse.

Ce danger est grand, mais il n’est pas ordinaire. On a bien plus souvent besoin d’inspirer de l’ardeur aux enfans, que de la modérer ; & c’est en cela que je fais consister la principale habileté d’un Maître. Mais, pour faire aimer l’étude, il faut qu’il commence par se faire aimer lui-même ; & il y réussira infailliblement s’il agit toujours par raison, & jamais par humeur. Je traiterai cette matiére fort au long, quand j’exposerai les devoirs des parens & des maîtres dans l’éducation des enfans. Je me contente ici de les avertir qu’ils ne peuvent être trop attentifs à jetter de l’émulation dans leur esprit. Les exercices, à l’âge