Page:Rollinat - Paysages et paysans.djvu/170

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J’laissai là mes moutons, mes chèvres,
Et j’suivis c’t’homme en le r’poussant,
Livrée à lui par tout mon sang,
Qui m’brûlait comme un’ mauvais’ fièvre.

Et, lorsque j’m’en r’vins au soir pâle,
D’mon tourment j’savais la raison,
Et q’fallait pour ma guérison
Fair’ la f’melle et pratiquer l’mâle.

D’puis c’moment-là, je r’semble un’ louve
Qui dans l’nombr’ des loups f’rait son choix ;
Sans plus d’genr’ que la bêt’ des bois,
Quand ça m’prend, faut q’mes flancs s’émouvent !

Ivre, à tout’ ces bouch’ d’aventure
J’bois des baisers chauds comm’ du vin ;
Ma peau s’régal’, mon ventre a faim
De c’tressail’ment q’est sa pâture.

Avec l’homm’ j’ai pas d’coquett’rie,
Et quand il m’a prise et qu’on s’tient,
Je m’sers de lui comm’ d’un moyen,
Je n’pens’ qu’à moi dans ma furie.