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Page:Rollinat - Paysages et paysans.djvu/246

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D’ailleurs, moi, j’ai fait l’sacrifice
D’mes dix doigts. Les morsur’ qu’i’s ont
C’est peu d’chos’ ! Oui ! mais, pac’qu’i’ sont
Aussi malins q’les écrevisses.

En douceur, j’les surprends, j’les d’vine,
J’ sais où qu’a s’tienn’, les joints d’rocher,
Les renfoncis où j’dois chercher,
Et l’habitud’ rend la main fine,

Aut’fois, est-c’pas ? — i’ faut qu’on s’forme ! —
J’n’y voyais pas clair par les doigts,
J’prenais des serpents — oh ! q’c’est froid ! —
Ma main r’connaissait pas une forme.

Oui ! mais à présent, l’ Diab’ me rompe !
Mes doigts ont des yeux pas berlus,
J’les serr’ sur l’écreviss’, pas plus !
Et n’ya pas d’danger que j’me trompe.

Qui q’ça fait q’j’aye un’ jamb’ trop basse ?
Au contrair’, j’ai moins à m’courber,
Et, quand i’ m’arriv’ de tomber,
Les rochers m’connais’ : i’ m’ramassent.