Page:Rollinat - Paysages et paysans.djvu/329

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je n’fais pas plus d’cas d’toi q’tu n’fais d’cas d’ma personne. »
J’vous ai vu c’soir, pèr’ Jacq’, ou j’avais la berlue,
Causer bien à vot’ aise avec un gros Monsieur,
R’nommé, d’après l’dit-on, jusque dans not’ chef-lieu,
Qu’est plus haut q’les bourgeois puisque tous le saluent,
L’vant les premiers l’chapeau qu’à l’habitude i’s ont,
Excepté pour eux aut’, si bien vissé sus l’front.
Ah ! vous yen récitiez des prôn’ et des harangues…
Vot’ têt’, vos yeux, vos bras marchaient autant q’ vot’ langue !
Lui, vous répondait d’même, avec un air tout rond.
Ses pareils avec nous de leurs parol’ sont chiches :
D’où vient q’lui vous parlait, vous écoutait si doux ? »
— « Eh ben ! c’est qu’ce monsieur, malgré qu’i’ soit si riche
De savoir et d’argent, est aussi simpl’ que nous.

Ceux bourgeois qui sont froids comm’ givre,
Dont la hauteur nous met si bas,
C’est pas Dieu possible ! i’ n’pens’ pas
Q’c’est l’paysan qui les fait vivre.

Toujou’, s’méfiant, i’ nous ar’gardent.
Tels que des r’nards devant des loups ;
Nous aut’ qu’on sait qu’i’ peuv’ plus q’ nous,
Tout comme de juste, on s’tient en garde.