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LE VIEUX CHALAND


 
Un jour que je pêchais dans sa rivière fraîche,
Assis contre un bouleau qui brandillait au vent,
Le vieux meunier Marchois par le discours suivant
Sut me distraire de la pêche :

« Voyez ! j’vis seul dans c’grand moulin
Dont plus jamais l’tic tac résonne ;
J’m’en occup’ plus, n’ayant personne…
Mais c’est l’sort : jamais je n’m’ai plaint.
C’t’existenc’ déserte et si r’cluse
Ent’ la montagne et la forêt
Plaît à mon goût q’aim’ le secret,
Puis, j’ai mon copain sur l’écluse !

Le v’là ! c’est l’grand chaland d’famille.
À présent, ses flancs et sa quille
Sont usés ; l’malheureux bateau,