Page:Romains - Les Copains.djvu/219

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

union que vous jugez raisonnable, laissez les événements ajouter leur éloquence à vos prières. Dieu ne vous gardera pas rigueur d’avoir escompté sa bénédiction.

« Vous, jeunes hommes, souvenez-vous que Dieu vous a pourvus de cette initiative dont je parlais tantôt. Comme Moïse, vous portez la verge miraculeuse qui fait jaillir l’eau du rocher. Montrez que vous estimez ce privilège à sa valeur. Ah ! jeunes hommes ! j’aimerais que votre fougue ne sût pas se contenir. J’aimerais que, dédaigneux d’une vaine dissimulation, vous prissiez Dieu, dans sa maison même, comme témoin de votre impatience. Ah ! mes frères, oserons-nous renouveler les naïfs transports des premiers chrétiens ? Retrouverons-nous la ferveur des agapes, où, loin des froides perversités du siècle, tous les membres de la communauté, hommes et femmes, garçons et filles, possédés par un immense amour, en proie à l’Esprit, se précipitaient dans les bras les uns des autres, et confondant leurs baisers…