Page:Romains - Les Copains.djvu/245

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— Oh ! regarde-moi les épluchures que tu fais ! C’est du sabotage ! Tu en enlèves la moitié ! Et nous n’avons que quinze patates !

Au reste, Huchon ne cessait de gémir :

— Comment voulez-vous que je m’en sorte ! Je n’ai pas ce qu’il faut ! Ce veau Vercingétorix, dont la recette m’est venue la nuit dernière au cours d’une insomnie, réclame une foule d’ingrédients qui me manquent. Passe-moi le cognac ! Ah ! si vous étiez de chics types, vous profiteriez des derniers feux du crépuscule pour me chercher quelques fines herbes…

— Non, mais des fois !…

— … Un soupçon de thym, une branchette de serpollet, une feuille de menthe, et un rien de fenouil. Oui, Broudier, tu méconnais l’importance de ces détails. Tant pis ! Mon veau Vercingétorix ne sera qu’une grossière ébauche.

Le festin commença, dès que Huchon crut pouvoir relâcher la surveillance de ses mar-