Page:Romains - Les Copains.djvu/252

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voulaient certaines paroles, qu’ils seraient assouvis par une voix.

Si plusieurs choses n’étaient pas dites, cette nuit même, il serait à jamais trop tard pour les dire.

Si plusieurs choses réelles n’étaient pas constatées et manifestées, elles seraient à jamais perdues.

Il y avait là vraiment un besoin vital ; on ne pouvait pas ruser avec lui, ni l’endormir, ni lui en promettre, car il empruntait quelque chose d’impatient à l’idée même de la mort.

Bénin s’était levé sans trop savoir comment. Il regarda devant lui, autour de lui ; mais il ne percevait plus les êtres par le regard ; il se les figurait par une sorte de prestige.

C’est ainsi qu’il se composa une vision parfaite et comme emblématique, où entraient deux rangées noires de sapins, une lueur de route, un ciel infiniment présent, et des âmes sans secret.