Page:Romains - Les Copains.djvu/46

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et je regarde passer les fiacres. Si c’est oui, je m’élance. J’envoie promener les objections et les craintes. Je considère le succès comme atteint, le but comme touché. Il ne me reste qu’à fixer le détail de l’opération. Cette confiance surnaturelle, et illusoire, m’a valu plus d’un succès.

— Mais nous n’hésitons pas, nous autres. Nous sommes résolus à nous venger. Ce qui nous manque, c’est le moyen.

— D’accord. Si tu ne m’avais interrompu, j’allais dire que j’établis deux catégories parmi les somnambules. À la première catégorie, qui est l’indispensable, je demande de me dicter une décision. Mais quand le parti est adopté, il arrive que mon esprit, pourtant ingénieux d’ordinaire, reste là-devant comme un veau devant une paire de patins. Il ne sait qu’en faire. Tous les chemins mènent à Rome. Encore est-il qu’on n’y va pas sans chemin. Prenons un exemple dans la vie quotidienne. Tu décides de voler deux millions en or aux caves de la Banque de France. Soit ! mais comment ?