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Page:Romains - Les Copains.djvu/79

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et se mettait en devoir d’uriner. Mais rien ne venait, rien. La vessie s’alourdissait encore, se durcissait, se contractait dans une farouche continence. Bénin quittait la première niche, et s’arrêtait devant la deuxième. Il redoublait d’efforts. Sa volonté faisait pression sur sa vessie, puis, changeant de tactique, la circonvenait. La douceur alternait avec la violence, la menace avec la persuasion. La vessie restait de bois, mais d’un bois brûlant.

Bénin passait à la troisième niche. « Tout ce luxe m’intimide », pensait-il. « Cette modeste fonction organique, habituée à l’ombre, ou à la pénombre, perd contenance devant tant d’éclat et de faste. » Il gardait son espoir. La troisième niche lui semblait accueillante et favorable. Il préméditait une émission sans précédent. Rien, pas une goutte. Et une vessie pareille à un hérisson furieux.

Bénin passait ainsi de la troisième niche à la quatrième, de la quatrième à la cinquième,