Page:Romania - 1873.djvu/327

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

DEL TUMBEOR NOSTRE-DAME.

On sait que l’Eglise, au moyen-âge, n’a pas considéré comme au-des sous de sa dignité de s’occuper des ménestrels, des jongleurs et des histrions de divers genres. Tandis qu’elle donnait l’absolution à ceux qui récitaient des chansons de geste, ceux qui faisaient ces tours de sal timbanques, plus ou moins décents, dont se divertissait tant le moyenâge, avaient à redouter son excommunication. Mais la grâce ne tient pas toujours compte des décisions les plus solennelles. L’un de ces ménestrels, dégoûté du monde, s’était retiré dans le couvent de Clairvaux. Tout ce qu’il possédait, il l’avait donné pour servir Jésus-Christ et la Vierge sa mère. La société où il venait d’entrer devait sans doute lui paraître singulière et pénible ; les règles sévères de l’ordre, le silence imposé, les messes et les offices, tout cela était étranger à notre convers. Quoiqu’il fût animé de la piété la plus vive, il ne pouvait prendre part au service divin, ne sachant ni le Pater noster, ni le Credo, pas même VAve Maria. Tourmenté par la pensée qu’il était un membre inutile de la congrégation et qu’il mangeait sans rien faire le pain qu’elle lui donnait, craignant aussi d’être chassé du couvent pour avoir à retourner dans le monde des pécheurs, il s’adressa à la Vierge compatissante que jamais on n’implora en vain. Pendant que les cloches invitaient à l’office, il entra dans une « croute » où il y avait un autel de la Sainte-Vierge. Il lui raconta longuement sa perplexité, lui disant combien il aimerait la servir et la prier. Mais il ne savait comment s’y prendre. A défaut d’autres hommages, ne pourrait-il faire pour elle la seule chose qu’il sût faire ? Aussitôt que cette idée lui fut venue, il s’empressa de la mettre à exécution : il ôte sa robe, et, revêtu d’une simple cotte, il fait devant la Vierge tous les tours qu’il avait coutume d’exécuter devant la foule curieuse. Il continua ce même manége long-