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Page:Romanische Studien VOL5 (1880).djvu/714

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de querir (cfr. fierc dans Aiol), et à la première pers. singul. d’aimer : 1701, 2261 ainc, 5011 ainch (cfr. 2059 ain à la rime). — Quant à la prononciation de ce c (ch), M. Tobler (Dis dou vrai aniel p. XX, XXI) pense qu’elle était identique à la prononciation du ch en français moderne.

De ces faits connus nous en rapprochons un autre qui semble de nature à éclaircir la question de l’origine de l’s. Dans Amis et Amiles et Jourdains de Blaivies (éd. Hofmann) on rencontre z à la place du c (ch) à la 1. personne du singul. (à cette personne exclusivement), et cela dans des conditions identiques à celles observées dans les textes qui viennent d’être nommés. Voici tous les cas : Amis 594 deparz ; 739, 762 renz, ranz ; 1502, 2138 deffanz, deffenz ; 1824 atanz ; 2777 entenz. Jourdains 159, 1470 redouz ; 752 garz ; 1793, 4011 perz ; 1764, 2010 ranz ; 3044 maiz (mitto). Le radical de tous ces verbes se termine par une dentale ; le z répond donc ici au c, ch des textes picards. On trouve de plus ainz (amo) il faut comparer avec, ainc, ainch de Rich. li biaus : Amis 1915, 2875, Jourdains 2125, 1714, 1001 ; ajoutez-y crienz (tremo) Jourd. 159. Enfin ce qui achève de prouver que le même phénomène linguistique rendu par c, ch dans Aiol et Rich. li biaus est traduit dans Amis et Jourdains par z, c’est que le présent je hais est écrit d’une part par ch, Dis dou vrai Aniel 378 et Richars 1237 hach, de l’autre par z, Jourd. 94 haz. Comparez encore la 1. personne sing. du parfait dans Jourd. 2503 devinz et dans Rich. 3717 vinch. Il est vrai que dans Amis et Jourdains, le z, tout en différant sensiblement de son emploi ordinaire[1], est mis

  1. Nous croyons utile de donner un aperçu général de cet emploi en prenant pour terme de comparaison l’usage des bons textes du 12e s. Nous nous bornons à un exemple pour chaque cas. Les mots non précédés d’un J (Jourdains) sont pris dans Amis.

    I. Z a disparu 1) dans une série de substantifs, d’adjectifs et de participes terminés au singulier par t ou d : 1293 piés, 410 fons, 217 pons, 119 cis, 55 apers, 56 grans, 133 drois, 226 liés (laetus), 136 vaillans, 384 joians, 390 mors, 212 reons. 2) dans les mots où z dérive de c (q) latin, 151 berbis, 706 vois, 974 fois, 117 crois, 973 bras, 1936 las. 3) dans les mots qui ont n et l mouillées, 76 compains, 216 poins (2313 poinz), 84 viex (2221 viez), 478 mieus, 514 solaus ; font exception 801 fiz (écrit souvent fiuls p. ex. 633), 54 gentiz, J. 681 periz. 4) 430 dans (dominos), 193 ans, 437 jors. 5) les participes en us et is ; exceptions : 83 venuz, 886 cheuz, 184 assiz.

    II. Z subsiste : Dans les participes et substantifs en ez, ainsi qu’à la 2e pers. plur. de l’indicat. prés. Except. 316 régnés, 495 amistiés, 32 nés.