Page:Ronchaud - Le Filleul de la mort, 1880.djvu/33

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empressés à recourir à leur art dès qu’ils croyaient en avoir besoin.

Il n’en était pas de même au moyen âge. La médecine était loin d’être alors ce qu’en ont fait depuis les découvertes de la science et une longue suite d’habiles praticiens. Dans ses souffrances, le peuple cependant s’adressait au médecin comme au prêtre, demandant à l’un la guérison de ses maux physiques, à l’autre un remède à ses douleurs morales ; et, si ni l’un ni l’autre ne lui apportaient de soulagement, il se vengeait de tous deux par la moquerie. Cette moquerie, pour ne parler que du médecin, n’était pas un simple amusement de l’esprit, une forme de plaisanterie sans raison, mais l’expression d’un vrai mécompte, d’une douloureuse expérience de l’impuissance de l’art médical. Comme il avait vu dans la Mort la personnification de la justice qui, dans l’ordre social, remettait toute chose à sa place, le