Page:Ronchaud - Le Filleul de la mort, 1880.djvu/34

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peuple se tournait encore vers elle comme vers son seul refuge contre la maladie et les maux de tout genre. Le squelette fatal lui apparaissait au bout de toutes ses avenues, sa faux tranchante à la main, comme le terme où tout aboutit, comme la figure éternelle vers laquelle tout le menait, tout le ramenait sans cesse.

Quant à l’amour obstiné de la vie, cet autre trait profond que nous avons signalé dans le conte lorrain, il n’y faut pas voir seulement l’effet d’un instinct de la nature qui répugne à la destruction. Les sauvages meurent avec facilité ; ils semblent quitter sans regret la vie nue et déserte que leur a faite leur état social. Cependant ils n’ont, en général, d’une autre vie, qu’une vague et triste idée. Il n’en est pas de même de l’homme civilisé. Quelque misérable que soit pour lui la destinée, et quoi qu’on lui raconte d’un autre monde où les maux de cette