Page:Ronchaud - Le Filleul de la mort, 1880.djvu/55

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La vieille Mort à son poste était là.
Chacun baissait les yeux, et c’est à peine
Si l’on osait regarder la marraine;
Et le curé même, l’air inquiet,
En récitant parfois balbutiait.
Comme en un ciel pur un nuage sombre
Voile l’éclat du jour qui souriait,
La Mort sur tout semblait jeter son ombre.
On acheva cependant sans encombre,
Et de Thibaut ainsi le nouveau-né
Fut fait chrétien. Quel nom lui fut donné
Par sa marraine au baptême, l’histoire
Ne le dit pas. Nommons-le le Filleul.
Si le repas fut grave, on peut le croire.
On s’anima cependant après boire,
Et puis l’on fut danser sous le tilleul.
Avec la Mort Thibaut ouvrit la danse;
On s’amusa longtemps, on fit bombance;
Puis, tout fini, Thibaut demeura seul
Et fut, rêveur, se coucher en silence.
 
L’enfant grandit. Il était frais, vermeil,
Beau de visage et plein de gentillesse,
Ayant parfois au front quelque tristesse,
Mais d’esprit vif et toujours en éveil.
Faut-il conter les jeux de son enfance?