Page:Ronchaud - Le Filleul de la mort, 1880.djvu/56

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Il dénichait les oiseaux dans les bois ;
Il poursuivait l’insecte sans défense
De fleur en fleur. La marraine parfois
Le visitait, et, dans sa bienveillance,
De jouets neufs apportait quelque choix.
C’étaient surtout des glaives et des croix.
L’étrenne un jour fut même une potence
Toute mignonne ; un pendu s’y balance…
L’antique Mort, ouvrant ses maigres doigts,
N’eût pas fait mieux pour un enfant des rois !

Quand il fut grand, un soir, avec le père,
Assis tous deux au pied du vieux tilleul,
La Mort causait et parlait du Filleul.
a Qu’en ferons-nous ? dit-elle à son compère.
C’est le moment de choisir un état
Pour le jeune homme, et je veux qu’il prospère.
— Soit, dit Thibaut, raisonnons cette affaire ;
J’en suis d’accord. Le ferons-nous soldat ?
Ce métier-là sans doute doit vous plaire.
Moi je le hais, malgré tout son éclat ;
Son injustice excite ma colère :
C’est, à vrai dire, un grand assassinat.
Sera-t-il moine, et d’un saint célibat
Le ferons-nous suivre la règle austère ?
Restera-t-il jour et nuit en prière ?