Page:Ronchaud - Le Filleul de la mort, 1880.djvu/66

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Et plus d’un peintre en des danses funèbres
De son squelette a reproduit les traits.
En Allemagne, au pays des légendes,
Sur de vieux murs on voit de ces tableaux,
Presque effacés, dans de mornes enclos.
Preux chevaliers, dames, en longues bandes,
Rois et prélats, y font des sarabandes.
La Mort préside et montre au jour ses os.
Sous le soleil de la belle Italie,
La Mort triomphe aux fresques d’Orgagna,
Dans le blanc cloître où son pinceau régna,
Et la clarté du ciel en est pâlie.
Dans notre Gaule, au milieu d’un charnier,
Jadis le peuple, avec force gambades,
Fêtait la Mort en vives mascarades.
Rire vaut mieux que pleurer et crier.
Ornant de fleurs ainsi la coupe amère,
On s’amusait sous le fer meurtrier.
L’esprit humain, ne pouvant l’oublier,
Jouait avec le spectre au front sévère.
Tel un enfant joue avec sa grand’mère,
Tout à la fois craintif et familier.

Trop tôt toujours quand sa faux nous moissonne,
La Mort ne plaît cependant à personne.
Chacun frémit d’en être visité,