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Page:Ronsard - Œuvres, Buon, 1587, tome 2.djvu/100

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I. LIVRE

Et deuienne glorieuſe
De ſe voir victorieuſe
Sur l'hyuer iniurieux,
Qui fier l'auoit offencée
De mainte greſle eſlancée
Et d'orage pluuieux.
Ores en vain il s'efforce:
Car il voit deſia ſa force
Par le chaud ſe conſumer
Sous le beau iour qui s'allonge,
Et qui ia tardif ſe plonge
Dans le giron de la mer.
Iupiter d'amour s'enflame,
Et dans le ſein de ſa femme
Tout germeux ſe va lançant,
Et meſlant ſa force en elle,
De ſa roſée eternelle
Va ſon ventre enſemençant:
Si qu'elle eſtant en geſine
Reſpand ſa charge diuine
Sur la terre, à celle fin
Que la terre meſme enfante,
De peur que ce Tout ne ſente
En ſes membres quelque fin.
Amour qui Nature eſueille,
Amenant pres de l'oreille
Son arc preſt à deſcocher,
L'enfonce de telle ſorte,
Que la poitrine eſt bien forte,
Qui reſiſte à tel archer.
Du grand air la bande ailée,
De l'eau la troupe eſcaillée