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II. LIVRE

Ou ſoit lors qu’il deſtruit
Les troupes de gendarmes :
Ou quand par les allarmes
De ſa pique l’effort
Fait bien quitter les armes
Au pieton le plus fort.
Ne vois-tu le renfort
Que Bouniuet ameine,
Prompt à haſter ta mort
D’vne playe ſoudaine ?
Comme la nuë pleine
D’orage iniurieux
Perd du bouuier la peine
Qui prie en vain les Dieux,
Le ſoldat furieux
Qui ia deſia t’enſerre,
Ton chef ſi glorieux
Perdra d’vn grand tonnerre.
Le Comte de Sanſerre
Et le Seigneur d’Iliers
Te porteront par terre
Indontez Cheualiers :
Parmi tant de miliers
Tu dois Iarnac cognoiſtre,
Que les Dieux familiers
Sous bon Aſtre ont fait naiſtre.
Comme l’ayant fait eſtre
De ſon haineux veinqueur,
Et de ſoy-meſme maiſtre
Commandant à ſon cœur :
Toy peuple ſans vigueur
Les craindras en la ſorte